Elle m’a ému
Ce week-end fut terrifiant.
Moi et mon associabilité exacerbée, nous nous attendions clairement à nous retrouver en tête-à-tête à un moment ou à un autre.
Pourtant, un très beau petit village au cœur de la Bourgogne, le soleil (capricieux, soit), des amis de confiance, tout y était.
Mais, bon, mon irrépressible besoin de solitude devait bien me faire pêter les plombs une fois (au moins) sur les trois journées en question.
Alors, j’y ai fait très attention... m’accordant même une ballade en solitaire le samedi matin, laissant sur place les amis qui, heureusement pour moi, me connaissent suffisamment pour ne pas toujours chercher à me comprendre. (Et ça, ça résume tout !)
J’ai tout fait pour éviter les prises de tête et le bouillonnement de ciboulot.
Malgré tout, je me suis quand même fait cueillir. Et comme un bleu. De surcroît par la personne dont je me méfiais le moins.
C’est une petite môme de 14 printemps (je compte en printemps, tant je me demande si elle a jamais connu d’autres saisons ...) qui a retourné le Khazâd comme une crêpe, d’une pichenette. Au tapis, K.O., décompte, vestiaire, dodo.
Cette gamine, rebelle à souhait, m’a laissé assister à l’impudique déballage de ses émotions. Attendrissante fatigue dans les bras de sa bienveillante sœurette, étalage multicolore des petites joies que nous (les vieux) avons oublié trop tôt, chamailleries joyeuses, œillades complices à peine masquées, grosse colère révoltée face à la maman tyrannique (comme il se doit à cet âge !).
Et c’est sur ce dernier épisode que Khazâd tombait pour le compte.
Mis K.O. par le spectacle de cette petite nana, les yeux pleins de larmes, les nerfs à fleur de peau, laissant éclater sa colère, sans provocation aucune, avec tant de recul, d’analyse et de tremblante assurance (si, si !) que personne ne pouvait la quitter des yeux.
Après ça, parfaitement ébloui, je voulais plus que tout exister (même un tout petit peu) pour ce petit bout de femme.
Au point de se taper 3 heures de négociation avec la maman pour arracher une autorisation de sortie ?
Oui ! Oh que oui !
Mission accomplie.
Je repense à elle et je ne peux m’empêcher de sourire, d’une émotion simple et douce, avec le seul regret de ne pas avoir été comme elle à son âge ...