Le pire Noël est passé…

C’est ce que l’on appelle un retour précipité…
Je suis déjà rentré sur Paris, et ce n’était pas prévu… Mais je n’en pouvais plus… à tourner en rond dans cette cage… Les vieilles histoires de familles ont ressurgies. Le père qui hausse la voix, et la mère cache bien mal des yeux mouillés de larmes.
Fait chier ! Je suis pourtant parti mardi avec un indétrônable sourire sur le visage. Je reviens, triste comme un parpaing. Car la situation familiale n’est pas ce qui me touche le plus, j’en ai l’habitude…
Ce qui me mine, évidemment, c’est mon histoire avec A.
Elle m’a appelé mardi, puis mercredi, puis aujourd’hui… Une torture… Je n’ai pas dormi…
La situation s’est empirée… Je le pressentais et je le redoutais aussi…
Je vous épargne les désagréables détails, comme je vous ai caché auparavant les très bons moments.
Toujours est-il que A. doit maintenant faire un choix.
Le seul fait d’écrire cette phrase fait naître un frisson, triste et glacial à m’en rendre malade.
Je me sens maintenant comme le condamné, couché à plat ventre sous la guillotine, ne connaissant pas l’exact moment de sa mise à mort mais espérant de toutes ses forces qu’un improbable grain de sable vienne enrailler le mortel appareil.
L’exécution est annoncée, et je commence à prendre conscience d’avoir bien peu de chance d’en sortir vivant.
Et c’est sans compter l’oppressante option de sombrer dans la démence avant que le couperet ne tombe.

C’est à elle de "choisir", et moi, sans qu’elle ne le sache, j’ai depuis longtemps choisi. Et je ne reviendrai pas en arrière.
A elle de "réfléchir", et moi je m’efforce de ne plus penser. Torturé par l’horreur d’avenirs que je voyais radieux et qui peuvent d’un instant à l’autre se fondre en souvenirs.
A elle de "méditer", et moi qui ne parle que trop peu, j’ai encore tellement de choses à lui dire. Beaucoup trop de choses…
A elle de "peser le pour et le contre", et moi qui lui ai offert si peu, limitant mon amour et freinant ma passion.

Je suis mort de peur. D’autant plus que je sais que sa décision, quelle qu’elle soit, n’influencera en rien mes sentiments. Je n’ai aucun contrôle sur tout ça.
J’ai la force de déplacer des montagnes, et je ne peux rien faire…
Impuissance, tristesse, et déjà des regrets de ne pas lui avoir dit jusqu’où je suis capable d’aller…

Et ces putains d’auteurs (Mano Solo en l’occurrence) qui trouvent toujours les mots exacts à ma place :

Sans toi, sans moi, sans nous, sans rien.
Comme en vacances dans un pays aux murs trop blancs,
où viennent en nombre buter les idées sombres,
sur les décombres d'un cœur qui sombre.
Il y a trop, beaucoup trop de silence dans mes vacances.

Sans te parler, sans t'appeler,
sans t'écrire, sans rien choisir,
sans rien attendre, sans rien entendre,
sans rien comprendre.
Sans sentir ta voix et tes mots posés sur moi.
Sans entendre la musique de ta peau sur mes draps.
Il y a trop, beaucoup trop de silence dans mes vacances.

J'ai pas vu ce matin sortir tes fesses de nos draps sales.
J'ai pas senti ta main dans mes cheveux,
comme pour me réchauffer le rêve.
Encore moins ton souffle dans mon cou,
ni tes lèvres me susurrer un « salut, à plus tard ».
Tout ça, ça me fait penser qu'hier non plus, qu’hier non plus.

En pleine lumière sans un coin d'ombre
bien trop sincère pour pas être tout seul au monde.
Comme un chien dans l'arène de mon propre désir,
j'aboie à perdre haleine, je supplie la fin du martyr.
Mais les habits de lumière ne tireront jamais leur gloire
à me faire toucher terre, on coupe les phares,
fini la fanfare, je reste dans le noir.
Il y a trop, beaucoup trop de silence dans mes vacances.