Le temps et rien d'autre...
Si je devais disposer d'un pouvoir, je choisirai sans hésiter celui de qui me permettrai de manipuler le cours du temps.
Les bons moments passent si vite et les mauvais semblent toujours durer une éternité...
Quelle flagrante injustice...
Hier soir, après 2 heures d'embouteillages, je retrouvais enfin S.
Soirée trop courte. Avons regardé une vidéo ("Chaos", que je vous conseille si vous ne l'avez pas encore vu), et je tombais déjà de fatigue. Les embouteillages, le boulot épuisant de pression en ce moment, le manque de sommeil, un gros rhume qui ne me lache pas, tout un tas de bonnes raisons pour céder à Morphée qui me tendait les bras.
Mais je ne voulais pas dormir.
Je voulais profiter encore un peu...
S. me rassure : "Ne t'inquiète pas, nous aurons encore beaucoup d'autres soirées comme ça..."
Je n'en sais rien.
Je crois avoir vécu trop d'histoires aux fins "tragiques".
Je sais trop qu'un grain de sable, une mauvaise parole, une mauvaise pensée, une rencontre, un changement de cap, un tout petit rien peut faire basculer une histoire idyllique.
Oui, c'est évident, je le sais trop. Littéralement "trop" !
J'aimerai le savoir un peu moins, ou plutôt ne pas en avoir conscience.
J'ai peur, évidemment.
Je ne veux pas perdre ce que j'ai, mais je veux aussi continuer à en vouloir d'avantage.
Dilemme... accepter cela... tout risquer, profiter de tout... et j'ai enfin compris que vivre complètement veut dire vivre sans armure.
Et c'est là qu'est l'os ! Elle revient tellement vite cette armure, cette carapace. Le moindre risque latent, le moindre rappel à des souvenirs enterrés, la moindre petite piqûre d'épingle, même involontaire, et l'armure est là, lourde et oppressante. Emprisonnant tout du corps et de l'esprit sous une chape de plomb.
Fait chier. J'en ai vraiment marre de cette armure. Je la sais pourtant utile, nécessaire parfois.
Alors je passe mon temps à m'en défaire, et à craindre qu'elle revienne.
Utiliser le précieux temps que nous passons ensemble à cette lutte sans fin entre moi et moi...
Quelle connerie ! Quelle injustice une fois encore...
Pouvoir maîtriser tout ça.
Pouvoir maîtriser le temps.
Avoir pu le faire ralentir infiniment ce matin lorsqu'elle se réveillait dans mes bras. J'ai du partir trois minutes après. Elles m'ont paru trois secondes...
Tant pis, nous aurons d'autres réveils.
J'espère...
Oui...