Ma théorie de l'évolution schizophrénique...

Ce soir, je suis seul.
Ce soir, pour ce que je considérerai demain comme une broutille, j'ai fait naître une inquiétude.
Ce soir, cette inquiétude s'est transformé en anxiété.
Ce soir, on a transformé cette anxiété en déception.
De cette déception est naît l'amertume.
Avec l'amertume, vient la colère.
Puis la rage.
Et c'est cette lente et inexorable marche vers cet autre moi si sombre qui poursuit sa progression.
Voilà longtemps que je n'avais pas ressenti la présence de cette autre facette de ma personnalité qui m'a toujours suivi, que je tiens encore et que j'endurerai toujours.

Comment fuir cette face cachée ? Faire les cents pas, frapper, casser quelque chose, prendre un bain brûlant, se perdre dans une lecture... Quelle bêtise d'avoir choisi pour ça "Cosmétique de l'ennemi" de Nothomb...
Mais à quoi bon ? La vraie question n'est pas Comment mais Pourquoi fuir cette face cachée.

Alors accepter cette rage froide... Assimiler cette partie glacée de mon esprit. Cette partie granitique de mon être. Cette part de ténèbres qui peut être capable des pires atrocités sans aucun remord, regret... sentiment.

Accepter, assimiler... pour moi, c'est écrire.
Et voilà ce petit morceau de web salvateur... cette page blanche que je peux noircir.

Vous, qui me lisez depuis un moment, observez que le "Khazâd" qui transparaît de ces pages semble évoluer.
C'est une illusion, je vous trompe.
Au tout début, m'essayant à verser quelques lignes un tant soit peu dignes d'intérêt sur cet infime morceau de toile, je racontais de petites choses amusantes et légères... Je n'étais pas encore impliqué dans ce blog.
Puis, je l'ai découvert peu à peu comme l'exutoire de mes angoisses. De toutes mes angoisses. Ce blog s'est alors fait noir et profond,... malsain parfois.
Je montrais alors un "Khazâd", reflet du côté sombre de son littéral "créateur".
Ces derniers temps, cette partie peu avenante de ma personnalité était loin, profondément enterrée... Vous avez donc perçu un Khazâd plus léger...
Mais ce personnage, ce "Khazâd" que vous suivez, n'évolue pas. Il s'adapte seulement à la partie la plus forte de moi... Car moi, je ne change pas, je n'évolue pas... je vie... voilà tout...
Des hauts et des bas... Avec, ces trois derniers moi, beaucoup d'altitude, et quelques très rares descentes... Nous dirons qu'il en fallait une ce soir...

Un jour, je l'ai décidé, j'écrirai vraiment. Une nouvelle, un essai, un roman... peu importe. Je ne sais encore rien de cet ouvrage que je garderai certainement secret. Mais j'ai pourtant la certitude que le personnage principal sera froid, inhumain, effrayant et... aimé...
Un auteur ne se projète t'il pas dans ces personnages ? Quant à la fin heureuse de l'histoire, je ne suis pas certain d'avoir suffisamment d'imagination pour l'affronter...

Trêve.
Un feu d'artifice, venu de je ne sais ou, pour je ne sais quelle occasion, illumine le ciel à ma fenêtre.
Mes pensées vagabondes... Ces boules de lumière qui explosent et illuminent tout jusqu'aux regards. Et ces cendres qui retombent dans la nuit, invisibles, ignorées de tous, et qui sont là pourtant, quelque part. Ces cendres qui n'existent que par la lumière qui nous aveugle tous, ou presque. Ces sombres résidus de lumières dont personne ne se préoccupe. Ces cendres là, moi, me font peur.

Les éclats pétaradants sont terminés, les gens applaudissent un peu aux fenêtres. Moi je suis seul, mort de fatigue, et je n'ai pas sommeil.

J'aurai pu décider de ne pas laisser de témoignage de tout cela, mais à quoi bon le cacher...
A quoi bon le lui cacher : elle ne se doute pas une seule seconde à quel point je me fais mal ce soir... à quel point cela va influer mon comportement des jours à venir... et à quel point elle me manque...

M'abrutir puis dormir, demain sera un autre jour... meilleur...