Il y a un carton...
Je sais où il se trouve.
Il est dans la petite maison, derrière celle de mes parents...
Il est dans la remise... dans le vieux buffet en laminé blanc.
Il y a de restes de toiles d'araignées sur la porte de ce meuble en bois à moitié pourri...
Le carton est derrière cette petite porte là... il sommeille... dans le noir, le froid et l'humidité. Les trois conditions idéales pour une bonne léthargie ...
Ce carton me hante, me fait peur, m'angoisse.
Ce carton est vivant, grouillant de ce qu'il contient.
Ce carton sent la mort, les peines et le désespoir.
A 16 ans, je l'ai baptisé "le carton des rêves morts". C'est moche, mais je ne trouve pas grand chose de plus approprié...
Dans ce carton, il y a des babioles, des gadgets, des petites cadeaux, des petits mots, des lettres, des choses cassées, déchirées, ou maculées...
Il contient la totalité des vrais souvenirs de mon enfance, et sûrement un bon lot de faux passé.
Dans le passé, quand j'étais tout môme, il était une boîte magique, une boîte à trésors, à secrets.
Il n'est pas rempli.
Il a, un jour, il y a très longtemps, cessé d'être alimenté.
Alors il a cessé d'être la boîte magique pour devenir le carton des rêves morts...
Et puis c'est comme ça...
Et le carton reste là...