Un lundi débuté comme tous les autres...
Et puis le bureau jusqu'à 23 heures.
Boucler enfin les dossiers stressants dans ce grand open-space enfin vide et calme, rester là à bosser comme un dératé, mais seul et peinard, la musique à fond sur le portable.
Et puis la route du retour, à pas d'heure.
Ne pas s'arrêter chez soi, et traverser un Paris désert, du Sud au Nord, d'Ouest en Est... Le pied...
Rouler encore, dans cette brume froide qui calcifie la ville. Regretter l'appareil photo et le promettre pour une prochaine autre ballade...
Tant de quartiers et d'atmosphères différentes, de feu rouge en feux rouges. De vitrines de Noël en néons froids, de bâtiments grandioses en façades délabrées, de la nuit à l'ombre.
Et puis couper le moteur et marcher dans le froid. Le visage enfoncé dans l'écharpe, rejoindre le havre chaleureusement ouaté de ce petit pub de la contrescarpe redécouvert par hasard il y a peu.
Le Requin Chagrin... Tant de souvenirs se croisent là... étrangement... comme un hasard impossible.
Engloutir quelques Kilkenny dans le doux et amical brouhaha.
Puis traverser la nuit encore pour aller voler quelques baisers, réchauffer sa peau contre la peau et combler ses sens, un peu de plaisir, juste un instant.
Retrouver son chez soi et passer la quatrième heure du matin, solitaire doucement affalé, profitant des effluves du brûle-parfum, des notes feutrées de Nora Jones, et d'un verre d'un excellent château La Brande...
Et savoir que tout cela m'était tellement peu naturel jusqu'alors...
Et dire que ça m'est maintenant si facile...
Tout ce chemin pour ça... Et c'est finalement si simple...