Entre ces saloperies de négociations d'avenants qui ne me satisferont pas, ces foutus dossiers à 3 millions d'euros qui me bouffent l'ulcère, ces patrons idiots et ces rendez-vous à Petaouchnoque-sur-terril, j'en ai raz l'ambition emmurée !
Il ne me reste qu'un mi-temps de vraie-vie pour rencontrer des gens à moitié (et de très beaux gens ! Merci beaucoup an.archi, vivement la prochaine !), pour jouer de la basse sur 2 cordes, pour noter des moitiés de mélodies, des moitiés de textes, pour écrire des posts sans les poster et pour mettre sur pied des moitiés de projets pour me sortir de cette double mélasse...
Bref, c't'un peu la merde des nerfs à fleur de peau (voir un peu plus loin que l'épiderme des paumes... presque jusqu'aux mâchoires des imbéciles en fait.) et de l'envie d'être partout sauf là.
Pas de déprime outrancière pourtant, juste le besoin d'avancer sans ces jolis mocassins de plomb taille 66 que le merveilleux monde du travail a le soin de m'offrir pour chaque rentrée.
On va donc faire ça... j'sais pas quand, mais on va le faire.
Besoin d'air, de vent dans les feuilles d'automne, de galets bondissant sur des eaux calmes, de mes grolles bouffant le bitume, ou de mes mains dans l'herbe humide.
Alors à défaut de pouvoir bouger réellement, je m'évade, à 3 heures du mat' et a des vies en arrière.
Des rêves de cours de récré ombragées de marronniers géants, de jambon-purée sur une toile-cirée à carreaux rouges, de chaises en osier plus hautes que moi, de revers de pantalon pris dans les ronces des bords de chemins forestiers, de cerises boulottées à même l'arbre, d'escapades du mercredi à travers les champs de blé...
La tête légère sur l'oreiller, une douce et chaude nostalgie comme épaisse couverture, si le monde n'est pas encore à moi, je récupère au moins mon existence à ceux à qui je ne l'ai jamais prêtée.
Et demain, je me lèverai et partirai croquer ces heures, de nouveau libre et fier, tenant la porte aux p'tits morveux qui font les fous avec les marrons cuivrés que l'automne leur offre, et la lâchant dans la tronche des vieillards aigris par leur hiver et qui n'auront pas fait des confettis de l'immonde tract Marine Lepen trouvé ce soir dans les boîtes aux lettres.
(Ah, Marine, si tu me lis, sache que je t'emmerde, pauvre crétine haineuse, ce qui me donne sur toi l'avantage de l'argumentation la plus pertinente.)