Je ne prends plus de photos.
De moi, ça, ça ne varie pas, je n'en ai quasiment jamais prise.
Mais des autres, de tout, de rien : apu non plus.
Quoiqu'il en soit, j'ai toujours été un photographe très moyen. Je ne connais rien aux techniques qui sont l'apanage des passionnés du genre.
Me fout de cette vantardise pathétique comme des autres... Je crois comprendre que les très bons photographes parlent presque exclusivement de techniques (du focus machin de tant de millimètre d'ouverture de truc, et patati, et patata) et presque plus de leurs photos. Et à ce compte là, je préfère rester dans ma petite ignorance.
Mais les errances, l'appareil à la main, me manquent.
En fait, je crois bien que mes ballades paparazzesques étaient un prétexte...
Aller faire des photos, c'était une excuse pour être promeneur. Je me donnais l'impression de faire quelque chose dans un but particulier, me donnant ainsi bonne conscience.
Maintenant, moi et ma conscience, on arrive un peu mieux à communiquer alors bon...
Et puis il y a les photos des autres, parents, famille, amis, bref, mes coexistants humanoïdes. Ceux-là ne sont plus que très rarement sur la péloche (qui elle même n'est plus que très rarement dans l'appareil, vive le numérique, mais j'aime bien dire 'péloche').
Ma mémoire devrait être le meilleur des appareils photos, mais ma mémoire est spongieuse, une machine bordelique qui marche mal. Donc, je prenais des photos des gens, comme une preuve, un constat, comme pour ne pas les oublier, comme si c'était possible.
Mais le constat de la photo ressorti du passé n'est pas celui du sujet, c'est le constat du temps. Celui d'alors et celui qui passe.
Au mieux, ça ne sert à rien.
Et puis il y a moi, qui suis le moins photogénique être qui soit. Enfin je l'espère. Ca me rassure de le penser. Je suis à un tel point hideux en photo que ça me ferait mal de me ressembler dans la vraie vie qui bouge !
M'enfin, tant que je n'en suis pas à ressembler à ma photo d'identité, tout va bien.